•           Voici un poème lu chez Chipie hier en hommage à son papa et que je trouve magnifique.

               Je n'en connaissais pas l'auteur mais Christine m'a renseignée : il s'agit de Jules Beaulac, prêtre québécois, auteur de nombreux ouvrages de spiritualité.

               2ème rectification pour le même article ! Emue par ce texte, j'ai pris directement contact avec son auteur présumé. J'ai ainsi appris que ce texte était de Mario Pelchat, chanteur québecois. Rendons donc à César ce qui lui appartient et à Mario ce texte magnifique...

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    Bonne et heureuse année,
    À tous ceux qui n’ont rien dans les bras que les battements tristes et gratuits,

    Dont les yeux brillent de toutes les larmes retenues,

    Dont le front résonne de coups atroces et silencieux.

    Dont les paroles ne traduisent plus les pensées,

    Parce que ces pensées sont douloureuses.  

     

    Bonne et heureuse année

    À tous ceux dont les actes ne sont plus que des symboles,

    Dont les attitudes sont pétries de courage.

    Qui redressent le dos pour cacher leur peine,

    Qui marchent seuls pour marcher droit,

    Mais qui marchent......   


    Bonne et heureuse année, 

    À tous les humains brisés, à tous ceux qui ne font pas ce qu’ils aiment,

    Et à tous ceux qui aiment ce qu’ils ne disent pas.

    À tous ceux que vous frôlez le sachant bien,

    Et à tous ceux qui vous frôlent ne le sachant même pas.

     

    Bonne et heureuse année,

    À tous ceux qui portent en eux, blessure vraie,

    Un immense néant fait de tous les arrachements.   


    Bonne et heureuse année, 

    À ceux dont c’est la dernière et qui s’en doutent,

    Et à ceux dont c’est la dernière et qui ne s’en doutent pas.

    À ceux qui n’ont pas la force d’y penser,

    Et à ceux qui n’ont pas la faiblesse de l’avouer.

    À ceux qui n’osent pas vous regarder,

    Parce que leur regard peut être les trahirait,

    Et qu’ils veulent garder pour eux seul leur terrible secret. 

     

    Bonne et heureuse année,

    À ceux qui sourient pour voiler le chagrin de leur âme,

    Badinent pour masquer la grimace de leur cœur,

    Crient pour taire la panique de leurs yeux,

    Jouent la comédie pour ne pas assombrir des vies.  


    Bonne et heureuse année,

    À certains heureux aussi que j’oubliais,

    À ceux qui portent leur tête, et leur cœur et leur âme

    Aussi légèrement qu’un poids d’hélium. 

     

    Bonne et heureuse année, 

    À ceux que le plaisir égare et dont le sang charrie tout l’idéal,

    Car pour eux suffit l’apparence charnelle de la vie.  

     

    Bonne et heureuse année enfin, 

    À ceux qui possèdent le détachement de l’esprit,

    Et à ceux qui soignent les corps ou les âmes,

    À ceux dont le cœur bat généreusement,

    Et à ceux qui luttant pour la justice veulent établir le règne de la paix,

    À tous ceux qui sont purs dans leur pensée et leur amour.

     

    Bonne et heureuse année,

    A vous tous,

    Qui donnez un sens divin à l'humanité.

     



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  • De sa fourrure blonde et brune
    Sort un parfum si doux, qu'un soir
    J'en fus embaumé pour l'avoir
    Caressé une fois, rien qu'une.

    C'est l'esprit familier du lieu ;
    Il juge, il préside, il inspire
    Toutes choses dans son empire ;
    Peut-être est-il fée, est-il Dieu ?

    Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
    Tirés comme par un aimant,
    Se retournent docilement
    Et que je regarde en moi-même,

    Je vois avec étonnement
    Le feu de ses prunelles pâles,
    Clairs fanaux, vivantes opâles,
    Qui me contemplent fixement.

    Charles Baudelaire,
    Les Fleurs du Mal, 1857.

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  •           Un poème qui me touche beaucoup...

    Le vieil homme et le chien
    (Conte des temps modernes)

    Transparent au regard des passants trop pressés,
    Un vieil homme est assis, transi et affamé,
    Sous un porche à l’abri des frimas de janvier.
    Il implore un sourire, une pièce de monnaie.

    Passe un chien dans la rue, un chien de pedigree,
    Une voiture suit, heurte le canidé.
    Aussitôt extirpés de leurs logis douillets
    Accourent de partout des bourgeois empressés.

    « Ne le laissez pas là, amenez-le chez moi
    J’ai une couverture afin qu’il n’ait pas froid ! »
    Quelques instants après, l’animal est pansé,
    Dorloté, réchauffé, maintes fois caressé.

    Au dehors dans la rue le silence est tombé
    Tout le monde est rentré, a fermé ses volets.
    Sous son porche à l’abri des frimas de janvier
    Le vieil homme soudain s’est mis à aboyer.

    Daniel Boy, Des Rimes et des rames.

    Jean Gabin dans Archimède le clochard.

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  •          Ces quelques fleurs et ce beau poème rien que pour vous...


    Le jardinier du ciel

    Mais où sont les étoiles ?
    Là-haut, tout est éteint...
    Dis, tu trouves ça normal ?

    Petit homme, ne crains rien :
    Le temps de prendre ma bêche
    Et mon grand arrosoir,
    Mon râteau, mon échelle
    Et bientôt tu vas voir
    Refleurir dans le ciel
    Parole de jardinier
    Comme autant de soleils
    Des étoiles par milliers.


    Patrick Bousquet


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  •       J'ai beaucoup aimé ce poème découvert dans le livre de lecture de CP de ma fille comme celui-ci et celui-là.



    Qui es-tu ?

    Je suis enfant de Guinée,
    Je suis fils du Mali,
    Je sors du Tchad ou du fond du Bénin,
    Je suis enfant d’Afrique...
    Je mets un grand boubou blanc,
    Et les blancs rient de me voir
    Trotter les pieds nus
    Dans la poussière du chemin...
    Ils rient ?
    Qu' ils rient bien
    Quant à moi, je bats des mains
    Et le grand soleil d’Afrique
    S’ arrête au zénith pour m’ écouter
    Et me regarder,
    Et je chante, et je danse,
    Et je chante, et je danse.

    Francis Bebey, Poèmes de demain

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