•           En effectuant quelques recherches sur le net, il semblerait que contrairement à ce que je vous ai dit avant-hier, ce poème ait été inspiré par la mutinerie du bagne d'enfants (on croit rêver...) de Belle-île en Mer en 1934. il faut savoir qu'à l'époque 20 francs ont été offert à toute personne qui retrouverait un fugitif ! Le "bagne d'enfants" de Belle-île n'a été fermé qu'en 1977.
              Quoiqu'il en soit, c'est un poème magnifique que je ne pouvais manquer de vous présenter.

    La Chasse à l'enfant

    Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

    Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
    Tout autour de l'île il y a de l'eau

    Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

    Qu'est-ce que c'est que ces hurlements

    Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

    C'est la meute des honnêtes gens
    Qui fait la chasse à l'enfant

    Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
    Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
    Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment

    Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

    Maintenant il s'est sauvé
    Et comme une bête traquée
    Il galope dans la nuit
    Et tous galopent après lui
    Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes

    Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

    C'est la meute des honnêtes gens
    Qui fait la chasse à l'enfant

    Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis
    Tous les braves gens s'y sont mis
    Qu'est-ce qui nage dans la nuit
    Quels sont ces éclairs ces bruits
    C'est un enfant qui s'enfuit
    On tire sur lui à coups de fusil

    Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

    Tous ces messieurs sur le rivage
    Sont bredouilles et verts de rage

    Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

    Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent!

    Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
    Tout autour de l'île il y a de l'eau.

    Jacques Prévert, Paroles, 1945

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  •           Ce matin, il pleut, il vente, il ne fait pas chaud : un vrai temps d'automne !!!
              C'est l'occasion pour moi de vous présenter Chanson d'automne, un superbe poème de Paul Verlaine.

    Détail d'une mosaïque représentant les quatre saisons, que l'on peut voir au Musée du Bardo à Tunis. Ceci est bien sûr la déesse de l'Automne.

    Chanson d' automne 


    Les sanglots longs
    Des violons
        De l’automne
    Blessent mon cœur
    D’une langueur
        Monotone.

    Tout suffocant
    Et blême, quand
        Sonne l’heure,

    Je me souviens
    Des jours anciens
        Et je pleure ;

    Et je m’en vais
    Au vent mauvais
        Qui m’emporte
    Deçà, delà,
    Pareil à la
        Feuille morte.


    Paul Verlaine, Les Poèmes Saturniens.

    25 commentaires
  •         Suite à mon article sur le fabuleux poème de Jacques Prévert, Le Cancre , j'ai découvert grâce à Mimisan ce non moins merveilleux poème et je souhaite le partager avec vous tous.
           Merci à Mimisan pour ce beau cadeau !

    Le Désespoir est Assis sur un Banc

    Dans un square sur un banc
    Il y a un homme qui vous appelle quand on passe
    Il a des binocles un vieux costume gris
    Il fume un petit ninas il est assis
    Et il vous appelle quand on passe
    Ou simplement il vous fait signe
    Il ne faut pas le regarder
    Il ne faut pas l'écouter
    Il faut passer
    Faire comme si on ne le voyait pas
    Comme si on ne l'entendait pas
    Il faut passer et presser le pas
    Si vous le regardez
    Si vous l'écoutez
    Il vous fait signe et rien personne
    Ne peut vous empêcher d'aller vous asseoir près de lui
    Alors il vous regarde et sourit
    Et vous souffrez atrocement
    Et l'homme continue de sourire
    Et vous souriez du même sourire
    Exactement
    Plus vous souriez plus vous souffrez
    Atrocement
    Plus vous souffrez plus vous souriez
    Irrémédiablement
    Et vous restez là
    Assis figé
    Souriant sur le banc
    Des enfants jouent tout près de vous
    Des passants passent
    Tranquillement
    Des oiseaux s'envolent
    Quittant un arbre
    Pour un autre
    Et vous restez là
    Sur le banc
    Et vous savez vous savez
    Que jamais plus vous ne jouerez
    Comme ces enfants
    Vous savez que jamais plus vous ne passerez
    Tranquillement
    Comme ces passants
    Que jamais plus vous ne vous envolerez
    Quittant un arbre pour un autre
    Comme ces oiseaux.

     Jacques Prévert, Paroles, 1945




    Jacques Prévert par Robert Doisneau






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  •         Ma fille aînée est rentrée en CE2 hier. Pour commencer l'année, sa maîtresse a choisit de leur faire apprendre ce merveilleux poème de Jacques Prévert : Le Cancre.
           J'aime beaucoup ce poème que j'avais moi aussi appris à l'école et j'ai donc choisi de le partager avec vous en cette période de rentrée scolaire. Et pour l'illustrer, quoi de mieux que ces superbes photos du grand Robert Doisneau ?


    Le Cancre

    Il dit non avec la tête
    Mais il dit oui avec le cœur
    Il dit oui à ce qu'il aime
    Il dit non au professeur
    Il est debout
    On le questionne
    Et tous les problèmes sont posés
    Soudain le fou rire le prend
    Et il efface tout
    Les chiffres et les mots
    Les dates et les noms
    Les phrases et les pièges
    Et malgré les menaces du maître
    Sous les huées des enfants prodiges
    Avec des craies de toutes les couleurs
    Sur le tableau noir du malheur
    Il dessine le visage du bonheur

    Jacques Prévert, Paroles, 1945

     


       


    Et pour le plaisir, cette dernière photo de Jacques Prévert par Robert Doisneau en 1955

     

     

    Autres poèmes dans mon Blog et Broc :


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  •        
    Jeune homme nu assis au bord de la mer
    Hippolyte FLANDRIN
    Musée du Louvre


    C'est un trou de verdure où chante une rivière
    Accrochant follement aux herbes des haillons
    D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
    Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

    Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
    Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
    Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
    Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

    Les pieds dans les glaïeuls, il dort souriant comme
    Sourirait un enfant malade, il  fait un somme :
    Nature, berce-le chaudement : il a froid.

    Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
    Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
    Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.


            Ce tableau, conservé au Musée du Louvre, m'a immédiatement fait penser à ce magnifique poème d'Arthur Rimbaud. J'ai voulu partager avec vous ce moement en ce jour de défilé militaire...



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